Vers les abysses du cercle polaire Arctique…

Au fur et à mesure de l’apprentissage de l’apnée débuté en 2009, j’ai découvert un sport fabuleux, des passionnés, des amis. La compétition, les stages, les rencontres, malheureusement un drame avec la disparition de mon ami Eric Buonagurio parti chasser seul dans la baie de Ville-Franche-sur-Mer alors que nous étions juste à côté. Tout cela m’a permis d’obtenir une expérience, des compétences, des connaissances théoriques, physiques, psychiques sur moi, les autres, le milieu dans un environnement qui reste dangereux. L’apnée est un sport, un loisir qui demande incontestablement une approche professionnelle. Aujourd’hui, la mort d’Eric me laisse avec des séquelles et je pense à tous ceux qui ont perdu un ami, un proche dans l’élément. Je tente de continuer différemment, de profiter encore plus pour ceux qui ne sont plus ici. C’est un moteur pour moi.
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Mon métier de Sapeur Pompier que j’exerce depuis maintenant 10 ans plus 3 ans de volontariat, m’apprend le travail en équipe, connaitre, reconnaitre, analyser les risques, les anticiper, y faire face en respectant des manœuvres, des protocoles, des conduites tout en se remettant en cause et en s’adaptant sans cesse aux nouvelles techniques qui évoluent. Pour ces plongées sous la banquise, je ne peux m’empêcher de faire des liens. A certains moments, notre travail de Sapeur Pompier nous confronte à de grandes contraintes d’adaptation physique. Nous devons gérer notre stress en exécutant des tâches complexes dans des endroits à risques. Le feu par exemple, diamétralement opposé à la glace, cependant il s’agit de températures extrêmes. Le chaud, le froid. Dans toute opposition nous pouvons facilement faire des parallèles.

Il faut savoir que nous Sapeur Pompier, nous nous engageons toujours en binôme, pour une question de sécurité. Nous sommes tous entrainés, physiquement et techniquement. Je sais que je peux compter sur mes collègues et qu’ils pourront compter sur moi en cas de problème. C’est un métier engagé, un engagement auprès de moi-même, pour être utile « sauver des vies », de mes collègues, des victimes, des animaux, des biens et de mon pays. Nous avons cette « chance » d’intervenir pour n’importe quelle classe sociale, âge, origine confondu sans distinction. Malheureusement et heureusement pour d’autres, nous sommes souvent la dernière roue du « carrosse » pour certains de nos concitoyens.

Lors de mes formations, je me souviens d’un discours que j’ai complètement adopté. Être pompier, c’est l’être dans la vie de tous les jours aussi.

Imaginons un départ pour feu, nous devons dans un premier temps nous équiper, mettre notre EPI (Equipement Personnel Individuel). Je synthétise… c’est une tenue textile qui nous sert de protection thermique, une cagoule, un casque, des gants, des bottes.

Une fois dans le fourgon « FPT » Fourgon Pompe Tonne, nous mettons notre ARI, il s’agit d’une bouteille d’air fixé sur un harnais (comme un sac à dos) qui nous permettra de respirer grâce à un micro-régulateur clipsé sur le masque lui-même fixé sur le casque.

Nous respirons grâce à ce dispositif. Une bouteille gonflée à 300 Bars, notre air est donc limité, il est en rapport direct avec notre consommation, donc nos efforts, notre stress. L’un des deux pompiers du binôme est muni d’une cagoule pour éventuellement extraire une victime prise au piège des fumées. Ce qui, en revanche accroit la consommation.

Cet équipement nous permet de nous engager dans des situations très extrêmes. Nous sommes reliés par des « autoroll » comme des cordes sur un enrouleur et attachés au tuyau pour retrouver notre chemin. Sur certaines interventions, j’ai quand même vu avec mes collègues la visière de nos casques bruler, fondre sous la chaleur très intense. Lors des reconnaissances, nous sommes la plupart du temps dans le noir et la fumée, nous avons développé des compétences. Au fur et à mesure des interventions contraignantes, des manœuvres à rechercher des victimes dans des endroits confinés, enfumés, incendiés avec des potentiels risques d’aggravation (explosion de fumée, effondrement etc…). Dans le noir, nous développons une vision tridimensionnelle et périphérique, des endroits que nous reconnaissons. Nous devons utiliser nos sens pour toucher par exemple les victimes, sentir la chaleur, écouter les bruits annonciateur de risques (fuite sur bouteille de gaz, signe des explosions de fumée etc…)

Nous privilégions toujours le secours aux victimes puis l’extinction. Les deux peuvent d’ailleurs se faire simultanément car plusieurs binômes peuvent être engagés dans le même feu.

Nous communiquons avec des radios et rendons compte à tout moment de la situation à notre chef d’agrès qui lui même rend compte au chef de groupe. Il peut en effet avoir plusieurs fourgons « FPT » sur la même intervention, plus une ou des échelles pour d’éventuelles sauvetages, des ambulances « VSAV », infirmiers, médecins etc… Tout dépend de l’ampleur de l’incendie. Nous avons donc plusieurs visions à différents niveaux : au contact du feu, à l’extérieur, vision d’ensemble pour le chef de groupe.

Pour la plongée en apnée dans le froid extrême comme pour un incendie, il faut s’équiper pour se protéger. Nous prenons une combinaison, jersey extérieur donc résistante et lisse intérieur 7mn, nous utilisons le modèle Celsius. Topstar équipe L’Âme Bleue depuis maintenant 3ans. Je n’aime pas les combinaisons plus épaisses. Plus le néoprène est épais plus il t’éloigne des sensations d’immersion, il faut ajouter des plombs mais une fois le néoprène compressé par la pression de l’eau, nous descendons comme des pierres. Ensuite, j’ai choisi des chaussons d’un centimètre, des moufles 3 ou 2 doigts 7mn. Le froid, comme nous le savons, s’échappe par les extrémités, nous les privilégions. Masque petit volume pour ne pas dépenser trop d’air à la descente pour la compensation. Palme Breier 82 cm en carbone dureté 3. J’aime beaucoup les longues palmes d’Eric pour un palmage long, ample, lent, esthétique. Ceinture de plomb 7kg avec une sous-cutale pour la poser sur le bassin et préserver son dos.

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Pour plonger sous la banquise, le long d’un iceberg, c’est une autre histoire! Il faut constituer une équipe. Jérôme Maison, Kevin Peyrusse présent l’été dernier, étaient sur un autre tournage. Jacques Le Lay caméraman du film « Un monde de glace »comme toujours enthousiaste, motivé était forcément incontournable. Au fur et à mesure de notre aventure, nous sommes devenus amis. Les pôles sont révélateurs ou des accélérateurs, parfois ils séparent les gens pour d’autres ils renforcent les amitiés.

Cédric qui soutient les expéditions corps et âme est mon binôme. Florent Dumas, je l’ai rencontré lors d’un festival d’aventure à Lyon. Vidéaste, il aime les « Hommes » et adore les filmer. Il a une expérience de terrain. Souvent parti en Afrique, ses vidéos m’ont beaucoup plu. Les Inuits s’expriment peu, sa manière de filmer peut les faire parler. Mon père pour les photos, il aura la vision du chef de groupe, pour apporter une vision globale de reportage photo à l’expédition.

Eric Brossier est notre contact sur place c’est avec lui que nous avons pensé au projet. Il a une longue expérience dans le froid, plus d’une dizaine d’hivernage. Il plonge depuis plus de 4 ans avec les Inuits, il a beaucoup appris en leur présence.

Pour creuser un trou dans la glace à -35°C. C’est un travail d’équipe. Il faut se relayer et gérer son effort. Pour l’occasion Johny et Jaypootie sont venus creuser la glace.
Dans un premier temps, il faut :
– Charger tout le matériel sur le skiddo.
– S’habiller chaudement pour le transport car le froid ressenti dépend de la vitesse, mais pas trop de façon à ne pas transpirer sur place.
– Choisir un endroit (Johny avec son expérience a choisi l’endroit parfait)
– Déposer le matériel
– Diviser l’équipe pour commencer le travail.
– Monter la tente.
– Mettre le matériel à l’intérieur.
– Allumer le réchaud à l’extérieur, le réguler.
– Mettre le réchaud à l’intérieur.
– Relayer les autres au trou avec la tarière (c’est comme un tire bouchon à moteur géant qui creuse la glace, nous devons faire une découpe carré)
– Avec une pelle enlever l’excédent de glace
– Pousser le bouchon de glace avec une perche en métal (si cela ne marche pas, casser le bouchon de glace en plusieurs morceaux et l’extraire)
– Enlever l’excédent de glace
– Filtrer les grosses particules de glace avec une passoire jusqu’à CE que l’eau devienne claire.
– Installer le dispositif de sécurité (Bout qui sert de repère)
– Souffler et se concentrer pour la suite:

Jacques se change le premier. Il est équipé d’une tenue étanche Topstar la même qu’en Antarctique. Dans la tente, il fait environ 20°C, l’espace est réduit mais tout va bien. En revanche, Joël et Florent reste continuellement à l’extérieur, -35°C parfois -40°C avec un léger vent de 20 km/h. Il accroit la température négative, nous parlons dans ce cas de température ressentie (environ-50°C).

Imaginez-vous, faire des réglages techniques sur votre matériel. Ils enlèvent leurs gants pour être précis, de suite leurs doigts gèlent au contact du métal. Ils s’enfoncent toujours un peu plus dans l’hypothermie. Parfois quand le froid et trop intense, les écrans des appareils numériques gèlent, empêchant toute prise de vue. C’est extrême pour le matériel, les hommes.

Plus tard le pantalon de Florent explosera en lambeau avec le froid. Mais ils sont là et fond leur job sans se plaindre. Par moment Florent fait une brève apparition dans la tente pour se réchauffer, une chaleur illusoire de quelques minutes s’offre lui pour protéger ses membres de l’hypothermie puis il retourne dans le froid glacial. Par moment, en silence, je culpabilise « mais dans quoi je les ai embarqué » je ne dit rien. Le doute n’a pas sa place ici. Nous avons des objectifs.

Le soir, nous nous questionnons. Comment es-tu ? Vraiment ? Personne ne joue, nous nous ressentons et chacun est honnête avec soi-même et surtout avec l’équipe soudée. Nous ne souhaitons pas nous mettre en danger et nous élaborons notre stratégie pour le lendemain.

Cédric et moi, nous nous changeons. Du savon, de l’eau chaude, nous enfilons nos combinaisons en prenant notre temps. Pendant notre préparation, nous respirons, nous parlons, nous nous concentrons, nous nous conditionnons. L’air extérieur est à -40°C, l’eau est à -1,8°C.

Sur la banquise l’iceberg fait une quinzaine de mètres de hauteur, le trou est à plus de 20m. Sous l’eau, la visibilité, l’iceberg nous permettra de nous localiser. Un « bout », une corde jaune descendant du trou jusqu’à 20 m de profondeur nous sert de repère. Nous avons fait qu’une entrée, elle nous servira également de sortie. Nous souhaitons évoluer en « Homme libre ». Avec Cédric, nous avons fait le choix de ne pas nous longer. C’est un peu comme si vous demandiez à un funambule de s’attacher.

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C’est le moment, Jacques quitte la tente avec son matériel, Eric l’aide et gère sa sécurité. Il est tenu par une ligne guide. Ils ont élaboré un code de communication pour faciliter la plongée. En même temps, il guette les ours. La principale difficulté pour notre cameraman c’est le givrage. A tout moment, malgré son matériel adapté et ses détendeurs « Poséidon » ils peuvent givrer en entrainant un débit constant incontrôlable de son air. Cela signifierait la fin de la plongée. Il doit gérer son immersion mais il doit aussi faire les images. Rien n’est simple, l’équipe est réduite. Le matériel exposé au froid casse comme du verre. Jacques n’est pas novice, cela fait des années qu’il plonge. Il est capable de faire des images à -80 m de profondeur. Il ne prend pas de risque et nous nous organisons pour le mieux mais les plongées restent engagées pour tous.

Joël et Florent sont en place pour les images. Jacques s’immerge, place à nous. Nous ne savons pas ce que nous allons découvrir. Voilà plus de 3 ans que j’attends cette plongée.

Nous nous asseyons sur la glace ressentons le froid qui pénètre notre combinaison, il ne faut pas trainer. Cédric se met à l’eau, je le suis. Nous respirons calmement, je suis en pleine conscience là où j’ai toujours voulu être, je suis heureux et je m’imprègne de ce moment de bonheur. Cédric inspire l’air à -40°C puis s’immerge, je le précède. Sous l’eau nous embarquons dans un autre monde…Juste à côté de nous une autre planète. L’iceberg s’enfonce dans le sable à 30m sous la banquise. Ce géant, n’accepte pas son enfermement hivernal. Il fracture la banquise tout autour de lui, laissant apparaitre un anneau de lumière blanc. Des éclairs bleus s’échappent de ce glaçon sculpté par l’érosion du courant. Parfois la banquise craque dissipant des bruits sourds impressionnant. Ils retentissent en nous. Envoutés par cette musique, nous plongeons au cœur de l’hiver explorer les failles de la banquise, cet iceberg est traversé par une veine bleue glaciale comme foudroyé par un éclair .. Je plaque mon corps contre l’iceberg pour écouter ses murmures. Je regarde la profondeur de cette veine pour entrevoir son cœur et sentir son pouls. Par moment, je reste sous la banquise le corps allongé en regardant les bulles d’air évoluer le long de ce toit de glace. Certaines sont emprisonnées, figées dans la banquise, le spectacle est fabuleux. Le son, la lumière, la couleur rendent ce monde vivant.

Cédric évolue progressivement en s’empreignant de cet univers. Ses apnées sont de plus en plus longues et profondes. Plus tard, il parlera d’un monde « sidérant »

A tout moment, nous devons être capables de localiser le trou. La progressivité est de mise. Plus le temps passe, plus nous profitons de l’immersion. Gérant tous nos paramètres : profondeur, déplacement allé et retour, temps. Jacques, Cédric et moi gardons toujours un œil attentif sur l’autre pour savoir où nous évoluons.

Bouleversé, envouté, je me laisse descendre, concentré sur mon relâchement, le froid n’a plus d’importance, il est en nous et nous l’acceptons. Mon métabolisme ralentit, j’entends mon cœur battre, mon sang devient peut-être comme les veines bleues de l’iceberg. En flottabilité négative, je vole vers les abysses du cercle polaire Arctique. Au fond, le glaçon touche le sable comme un navire échoué, il s’est fait surprendre par l’hiver et ne peut se libérer par son couvercle de glace. La débâcle au mois de Juillet lui redonnera sa liberté…. Patience. Je remonte le long de la quille massive, je me sens petit, insignifiant dans cet univers. Hier les aurores boréales, aujourd’hui une plongée « sidérante » l’arctique révèle peu à peu ses secrets. C’est un tout, impalpable, insaisissable, nous flirtons avec ses essences.

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Au bout d’une heure, une fatigue intense nous envahit. Les temps d’apnée diminuent. Nous sortons de l’eau, notre combinaison gèle instantanément. Les gouttes sur notre cagoule se figent. L’eau qui coule de notre masque se transforme en stalactite. Nous allons dans la tente pour nous changer puis Jacques. Nous devons ranger le matériel et cela nous demande beaucoup d’énergie. Joël, Jacques, Eric ont froid. Nous devons rentrer reprendre des forces pour le lendemain.

Tous heureux, nous avons réussi en équipe.

La plongée avec les enfants

Organiser une plongée au cœur de l’hiver ne s’improvise pas. Notre parole étant donnée, nous devions la respecter. L’équipe de l’Ame Bleue ne possède pas le matériel nécessaire pour organiser des plongées sous la banquise. Avec Florent, le vidéaste terrestre de l’aventure, nous décidons de demander de l’aide à la Communauté.

Nous passons voir Johny pour qu’il nous aide à percer la glace. Johny est un homme de parole, il nous demande à quelle heure?… A 9h?… Alors, il sera là dès 8h …pour le café! Tout au long de cette aventure, Johny est là pour nous prêter main forte, même le dimanche matin quand notre « skidoo » est en panne. C’est un bon début!

Nous devons maintenant trouver une grande tente. Nous sollicitons Stevie, « Chef des Rangers ». L’affaire est très vite réglée. Stevie nous donne rendez-vous le lendemain matin pour récupérer la tente. Marcosie, quant à lui, nous prêtera les réchauds. Nous aurons ainsi tout le matériel nécessaire! Avec Florent, nous ne sommes toutefois pas très à l’aise d’avoir dérangé les Inuits chez eux.

Au retour, dans notre maison bleue, nous informons Joël et Jacques de nos trouvailles. Demain tout dépendra de nous…La tâche sera grande et le travail qui nous attend sera long mais nous savons pourquoi. Faire plonger les enfants sous la banquise, leur montrer et partager cette vision infinie…

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Florent et Jacques commencent le travail. De mon côté, je pars chercher la tente chez Stevie. Au retour, je prête main forte, m’approchant des premiers trous masqués sous une purée de glace, je pose mon pied juste dedans et tombe comme « un gros sac » par terre. Johny éclate de rire, moi aussi : c’est le manque d’expérience. Florent fait des images, Jacques déballe la tente et Joël fait des photos. Samantha et son amie sont les premiers enfants à arriver. Nous sommes heureux de les voir, elles participent. Florent arrive pour nous aider mais en approchant, il met le pied dans le trou et tombe à son tour. Johny et moi sommes morts de rire, Florent rit aussi. Peu après, Jacques veut nous remplacer pour à son tour percer la glace, il approche sans faire attention et met le pied dans le trou de glace et tombe également. Nous éclatons de nouveau tous de rire, Johny doit se demander avec quelle équipe il est tombé!

Il est 11h. Le trou est terminé mais nous devons maintenant pousser le bouchon de glace sous la banquise. C’est difficile, nous devons le diviser en deux. Au bout de 30 minutes nous y arrivons ensemble. Le trou fait environ 1,50m sur 1,50, sachant que l’épaisseur de la banquise fait environ 80 cm, le volume de glace est énorme. La tâche a été rude, l’engagement important. Nous avons tous la barbe gelée, Florent a le pied gelé, pourtant il reste, souhaitant faire les images. Joël, Jacques, Joël et moi montons la tente au dessus du trou.

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Ce qui se passe est merveilleux, l’équipe donne tout son amour pour ce projet, pour cette Communauté, pour ces enfants que nous voulons faire plonger. Eric arrive avec sa famille.

Le dispositif est enfin prêt. Des parents sont venus nous voir et les enfants ont hâte de plonger. Malheureusement, tout le monde ne pourra pas.

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Pour commencer, nous faisons plonger le fils de Johny qui nous a beaucoup aidés. Samantha sera la deuxième. Une fois la combinaison enfilée, elle se jette à l’eau. Rien n’est simple, nous avons installé un bout attaché à une pierre qui repose à environ 4m du fond. Elle doit tirer sur cette corde pour partir vers le bas. Elle souffle reste en surface puis s’immerge. Je l’aide, elle arrive tout de même à observer le fond de la mer, des algues, des pierres qui habitent ce fond coloré. Son regard en dit long… elle est émerveillée.

Jacques est au fond, il immortalise ces moments. Joël fait les photos et Florent fait des allées et venues avec différents appareils pour filmer successivement à l’intérieur puis à l’extérieur. Pour eux rien n’est facile, le matériel subit les chocs thermiques. Ils sont tellement déterminés à assurer les images avec ces températures extrêmes qu’ils m’impressionnent.

Rapidement elle tremble, je sens son corps qui commence à vibrer par le froid. De suite, nous stoppons sa plongée pour la changer. Florent l’emmène dans la maison chauffée en face du trou.

Florent, Jacques, Joël, Johny donnent tout! Tout ce qu’un homme a de meilleur, sa force, sa volonté. Les efforts de l’équipe me laissent sans voix. Cela me touche au plus profond de moi. Nous portons le projet de L’Ame Bleue en chacun de nous. C’est en donnant, son cœur, son amour que l’on reçoit. Autour de cette plongée, nous avons créé un moment de fête et nous le partageons tous ensemble.

Tous les enfants se sont réunis autour du trou, observant calmement, attentivement et curieusement les différentes plongées. L’eau fume, une vapeur se dissipe dans la tente. Dehors il fait -25°C, l’eau est à -2°C pourtant nous plongeons et sommes tous heureux.

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C’est au tour de Dion, fils de plongeur, c’est certainement le jeune le plus à l’aise dans l’eau. Depuis cet été, nous savons que c’est son élément. Il est comme un poisson dans l’eau. Il comprend vite la technique. Il descend presque au fond. En plus, il prend le temps de regarder durant de longues secondes. Il remonte, souffle et recommence, toujours plus profond et plus longtemps jusqu’au moment où ses pieds atteignent le sable et le stoppe. Il observe et regarde Jacques qui le film, sort son pouce puis remonte. Avec Jacques, nous rions, il remonte et je le dirige pour ne pas qu’il percute la banquise. Jacques nous rejoint et tous ensemble nous savourons cette réussite collective. Nous courrons ensuite dans la maison pour partager avec tous les enfants un grand goûter, regardons les images. Les enfants sont curieux de découvrir notre matériel. Nous partageons un grand moment. Il a y des jours comme ça, où la magie flotte dans l’air, elle nous marquera à jamais.

Tout le monde n’aura pas plongé. Au total entre l’été et l’hiver, trente enfants et six adultes se seront immergés avec nous. Ceux qu’ils l’ont fait, ne l’avaient peut-être jamais pensé dans leur vie. Grâce à l’investissement et au dépassement de Johny, Jacques, Florent et Joël, nous avons réussi. Malgré l’isolement, des choses sont possibles, ces enfants ont une curiosité, un dynamisme, une volonté que nous prendrons en exemple pour notre vie et peut-être demain, ils tenteront des choses qui leur paraissent inimaginables.

Laurent Marie

 

Le respect d’une parole

Aujourd’hui, retrouvez les récits de Laurent et Joël Marie, suite à leur expédition mi-février au Nunavut.

« L’Âme Bleue est engagée maintenant depuis la fin 2012 au service de l’éducation des jeunes générations. L’association a su s’adapter à tous, en diversifiant ses supports pédagogiques, son discours pour les enfants des maternelles, des écoles primaires, des collègues jusqu’aux adultes. Nous souhaitons faire partager la beauté de ce monde, élever les consciences et les réflexions sur la protection de notre planète.

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L’Âme Bleue avait aussi un engagement auprès des enfants du village de Qiqiktarjuaq : revenir l’hiver pour plonger. Je m’y étais personnellement engagé et c’est important pour moi de tenir mes paroles. Seul c’était mission impossible, alors les autres membres de l’association comme Cédric m’ont beaucoup aidé, Florent, Jacques et mon père m’ont également prêté main-forte. Pour nous rendre dans l’école du village, nous devions nous présenter à la police locale et obtenir une autorisation. Elle devait faire des recherches par Interpol pour vérifier que nous n’étions pas recherchés pour des problèmes liés aux enfants.

En partant l’été dernier avec Éric, j’avais rencontré un professeur pour lui remettre le dossier pédagogique qu’Isabelle Willaim avait travaillé avec ses élèves en anglais. Ce travail consiste à présenter un animal de préférence marin, en lien direct avec une histoire personnelle et familiale. Il s’agit d’un travail remarquable. Ce professeur Inuit s’était, devant Éric et moi, engagé à le présenter aux élèves pour qu’un échange puisse se faire. J’espérais beaucoup de ce partage et je n’étais pas le seul. Des enfants, une enseignante en France attentaient de moi d’être le passeur.

Malheureusement il n’y aura pas de retour, en revoyant ce professeur lors de notre voyage le mois dernier, il ne me regarda pas dans les yeux, son regard se dirigea vers le bas. J’ai compris dans la seconde… Je ne ramènerai rien aux enfants du collège Kerhallet de Brest et j’en suis désolé. Il s’agit pour moi de l’échec de cette aventure.

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Je ne dois pas me morfondre, nous devons faire cette présentation aux enfants, ils nous attendent. Pour l’occasion, Stevie ouvre le débat, il parle en Inuktitut et à part ses gestes, nous ne comprenons pas grand-chose à son long discours. C’est l’un des grands plongeurs du village. Il plonge depuis des années pour ramasser des clams. Tous ces plongeurs ont une lourde expérience derrière eux. Avec Éric, nous profitons de leur savoir. Il parlera de notre projet et Cédric présentera « l’apnée ».

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Nous passons un maximum de photos d’enfants. À chaque photographie, ils chantent le nom de leur camarade. C’est inattendu et tellement drôle. Cela rythme cette diffusion par des petites mélodies improvisées. Cette chanson en dit longue sur l’amour qu’ils portent pour leurs amis. J’adore… Nous rions. Ensuite, nous diffusons un extrait vidéo de nos images de cet été. Des baleines, des ours, la plongée des enfants. J’observe et tente de comprendre leurs expressions. J’ai l’impression qu’ils voient d’un autre regard leur territoire. Peut-être que certains enfants ne sont jamais allés à Home Bay et qu’ils découvrent ce lieu pour la première fois. Ils ont une fascination pour le règne animal, c’est impressionnant.

Je me souviens qu’enfant j’adorais comprendre et connaître la vie de tous les animaux dans « Okapi » qui était ma revue fétiche. Cela doit les surprendre. Car les plongeurs du village s’immergent pour se nourrir. Nous, nous le faisons pour le plaisir, pour la beauté et ils n’y sont pas insensibles, bien au contraire. Chacun fait l’effort de se comprendre. Derrière cela, il y a de la tolérance, du respect et beaucoup de compréhension. C’est cela peut-être l’échange, comprendre l’autre sans le juger, le laisser entreprendre, observer son cheminement pour voir la finalité.

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Les enfants sont heureux, nous aussi, même s’ils ne posent pas beaucoup de questions. Nous ne pouvons pas connaître l’impact d’une présentation, nous acceptons et avançons. Leurs sourires et leurs rires nous nourrissent. C’est notre oxygène pour continuer nos efforts dans cet environnement qui fatigue profondément les organismes. C’est promis, nous tenterons de les faire plonger sous la glace. Pour cela, nous avons besoin de matériel. Nous ferons le nécessaire avec l’équipe pour y arriver. Nous nous sommes engagés, nous respecterons notre parole. Nous ne perdons pas de temps, nous partons préparer la présentation dans la municipalité pour tous les villageois. »
Laurent Marie

 

« Après, un court repas sur le pouce, nous allons à l’école où nous sommes accueillis par la directrice. Le papier sésame qui nous permet d’intervenir dans l’établissement est donné, nous pouvons pénétrer dans les locaux. La salle est installée et les chaises sont mises en place. Un premier groupe d’enfants s’installe. Ce sont les plus jeunes qui vont avoir la primeur de l’évènement. Stevie, le conseiller d’éducation, vient faire une présentation, un discours à la « Castro » interminable, puis c’est au tour de Laurent de présenter l’équipe. La projection commence par un diaporama de photos prises au cours de l’été dernier. Chaque photo d’enfant est accompagnée par le prénom scandé en cœur par les jeunes spectateurs. Puis ce sont les projections de vidéos. Les regards sont scotchés vers l’écran et, des « Oh », « ah » fusent lorsqu’ils voient Nanuk l’ours, les baleines et les orques. La seconde séance concerne les plus grands, ils sont très attentifs et ont droit au discours du conseiller. Ils expriment leurs désirs de venir plonger pendant le week­end, l’enthousiasme des candidats est intact, ils sont prêts à renouveler l’expérience de cet été même si les conditions climatiques sont hivernales. »
Joël Marie

Le pouvoir des chants avec Pasha et Leila

L’été dernier, lors de notre première expédition au Nunavut, nous avons été hypnotisés par les chants diaphoniques de Chila et son amie. Aujourd’hui, je souhaite réentendre les chants de gorge et les partager avec vous… En février, pour une nouvelle expérience, nous étions avec Leila et Pasha …

Ce sont donc des chants qui se font à deux avec une notion de compétition. Les deux femmes, en tenues traditionnelles, sont placées face à face, se tenant les mains ou les coudes. Lorsque l’une d’elles n’a plus de souffle, elle perd la partie. Alors, elles se mettent à rire et recommencent.

Les ondes que libèrent ces chants sont propices à l’évasion. Elles sont puissantes et viennent du fond de la gorge, de la profondeur de L’Âme Inuite.

Fatigués de la plongée exigeante le long de l’iceberg de ce matin, les chants nous inondent d’une force tranquille qui nous réconforte et nous renforce. Nous n’avons pas l’habitude d’entendre ces chants gutturaux. La musique accompagne et décuple nos émotions en quelques secondes, elle efface notre fatigue.

Notre plaisir d’être ici est intense. En pleine conscience du moment, nous savourons ce bonheur présent.

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Lorsque Leila et Pasha changent d’intonation pour chanter une douce mélodie enfantine, les ondes se diffusent directement vers le bas de leurs corps pour endormir la fille de Leila qui repose dans son dos. Les chants ont pour vocation d’endormir, de rassurer les enfants et ceux qui sommeillent encore en nous.

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La magie des Aurores boréales

Aujourd’hui, dans son deuxième récit retraçant l’expédition au Nunavut, Laurent Marie raconte les aurores boréales. Un texte rempli de magie…

« La nuit.
Le jour se lève vers 6h, nous apercevons le soleil vers 9h. Il se cache derrière les montagnes vers 14h. Le jour ponctue notre vie, c’est notre respiration. La nuit commence à apparaître, doucement comme le froid qui pénètre votre corps. Les étoiles une à une se dessinent dans le ciel. Les plus lumineuses pour commencer, les plus petites puis les constellations les plus éloignés Orion et bien d’autres. Les soirs de ciel dégagés, la lune nous salue un court moment pour ensuite rejoindre le chemin du soleil déjà couché. La nuit dans le cercle arctique prend une dimension différente des autres. Le froid vous calme, la vapeur de votre souffle s’échappe de votre bouche pour rejoindre le silence et nos morts. Peu à peu, je me sens connecté avec cette dimension et j’essaye de comprendre… Regarde écoute et apprend, les Inuits sont de merveilleux observateurs, ils ont la patience et savent.

L’ours repéré par les villageois depuis quelques jours rode peut-être pas loin d’ici.

La glace, le monde marin sous la banquise, les étoiles. L’Arctique est peut-être un tout ?
Le temps prend alors une autre échelle.

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Je ressens un souffle glacé sur ma joue, des frissons. Un vent solaire se lève. Nous sommes dans une zone aurorale. Des lueurs vertes glissent puis courent entre les étoiles. Le ruban dansant s’intensifie, fuse pour parfois finir en rouge puis mauve. Ce ballet lumineux m’envoute vers un autre voyage celui de la magie féerique. Le temps d’un instant, mon esprit suit ces particules s’échappant dans le cosmos…

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(Une tribu du Nunavut pense que ce sont les morses qui jouent à la balle avec des crânes humains. Les Sames de Norvège expliquent les aurores boréales par les souffles des baleines de l’océan Arctique. En Amérique du nord, certains peuples indiens voient leurs ancêtres morts danser à travers les aurores. En Chine, la légende dit que quelque temps après avoir vu une magnifique aurore boréale dans le ciel, les femmes peuvent tomber enceinte et l’enfant ainsi conçu aura un destin exceptionnel.) »

Premier récit : à la pêche aux algues

« Voici le récit de notre première excursion sur la glace….

Nous croisons des pêcheurs d’algues sur le chemin du bateau. Dans la banquise, épaisse d’environ 70 cm, ces pêcheurs font un trou. Nous nous situons face à une presqu’île, pas loin d’une petite baie où hiverne « Vagabond ».

Un groupe d’Inuits plongent une longue tige de bois. Au bout une croix, des clous, espérant lors de la rotation de la tige, remonter des « sea weed », une algue longue et fine, jaune et brunâtre que les Inuits raffolent. Ils cuisinent ces algues pour accompagner le ragout de phoque par exemple, cela donne du goût, il paraît que c’est merveilleux.

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Nous goutons cette algue tout juste sortie de l’eau gelée. C’est croquant, iodé, cela rafraichi mais c’est quand même très fort. Leur technique est rudimentaire mais elle permet certainement de préserver la ressource pour toute la communauté.

Avec toute l’équipe de l’Âme Bleue et avec l’accord des pêcheurs c’est décidé, nous plongerons demain à la découverte de ces algues. Peut-être nous en cueillerons…

Le lendemain, nous nous levons de bonne heure, nous approchons du site. Nous avons un « Skiddo » (motoneige) et une luge pour acheminer tout notre matériel de plongée. Le spot est à environ 2 km du village, le déplacement est court. Rapidement, nous montons la tente, nous creusons des trous dans la glace. Pour des raisons de sécurité nous faisons deux trous, sous la banquise nous observons un léger courant. John y creuse le premier avec Cédric, Éric et sa femme France le deuxième. Le froid intense, l’onglet fait presque perdre connaissance à France. Mais elle se connaît bien, elle respire, prend son temps et reprend vite ses esprits pour continuer cette journée. Le froid ne pardonne rien, nous prenons cela pour une mise en garde. Soyons prudents et écoutons.

AL6A9150-2Jacques, notre caméraman est prêt. Il s’immerge le premier. Cédric et moi nous le rejoignons vite. Nous sortons de la tente pour vite plonger dans la mer qui fume. En effet, elle est plus chaude que l’air à -30°C ce jour-là. La combinaison humide au contact de l’air gèle presque instantanément. Le froid sans vous prévenir, pénètre votre corps et vous plonge dans une sévère hypothermie. Cela peut-être très dangereux. Chaque seconde compte, il ne faut pas trainer.

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Sous l’eau, c’est un grand spectacle du sable, des roches parsemées sur lequel poussent des « sea weed » les fameuses algues fines et longues, jaune et brunâtres. Sur notre tête un toit bleu-vert au reflet presque violet, nous éclaire. L’eau est limpide, nous voyons l’horizon à perte de vue. Le contraste coloré nous surprend, nous ne nous attendions pas à autant de vie au cœur de l’hiver.

Les Inuits les localisent avec une petite caméra poisson reliée à un écran sur la surface : les techniques modernes se mêlent à la pêche ancestrale.

Ils nous apprennent par cette façon à les reconnaitre car il en existe plusieurs sortes. Avec Cédric, nous en remontons quelques-unes. Ils courent vers le trou et s’exclament de joie comme des enfants. Ils sont heureux et nous sommes ravis de leur faire plaisir.

Notre premier bonheur partagé !

Ils les stockent et nous replongeons traversant la distance qui sépare les deux trous à la recherche de ces fameuses algues.

Jacques relié par un cordon qu’Éric tient fermement depuis la surface, immortalise la scène.

À la fin de sa plongée, il finit par une bonne cueillette. Les pêcheurs sont très heureux et décident de lancer un appel radio pour partager toute cette pêche avec les villageois.

Une solidarité, une entraide perdure chez les Inuits.

Nous sommes fiers de contribuer à cette collaboration, cet échange culturel, cette découverte, ce partage autour des algues avec le respect de chacun. »

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Les aventuriers du Nunavut

Nous sommes de retour en France ! Les températures extrêmes, la difficulté des plongées, l’isolement, la fatigue, l’intensité des rencontres, le manque de connexion n’ont pas permis à l’équipe de L’Âme Bleue de communiquer durant notre voyage au Nunavut. Lors des prochains jours nous vous proposons l’intégralité des récits de notre aventure avec un léger différé. Nous allons commencer par vous présenter tous les membres de notre fabuleuse équipe.

AL6A9271Laurent Marie, 35 ans
Passionné, Laurent vit, raconte et partage son aventure.
Il persévère malgré les difficultés parfois extrêmes pour en extraire le meilleur de ses voyages.

AL6A9418Joël Marie, 68 ans
Joël est le photographe de l’expédition. Grand voyageur, toujours partant, Il sait se faire oublier pour figer dans le froid des instants uniques.

 

passionne-d-epaves-entre-autres-jacques-le-lay-plonge-et_2749882_531x434pJacques Le Lay, 53 ans
Profession Caméraman sous-marin.
Des épaves bretonnes, normandes, d’Islande, de l’Antarctique au Nunavut canadien, Jacques s’adapte avec bonne humeur à tous les styles de plongée. Le froid ne lui fait pas peur, passionné par la mer, grâce à son talent, il partage sa passion qui l’anime depuis très longtemps.

AL6A9610Florent Dumas, 28 ans
Profession vidéaste
Florent est grand (1m96). Sa sensibilité lui permet de capter la lumière des regards pour l’éternité.

AL6A9356Cédric Batteur
Intuitif et passionné, toujours en quête d’inspiration. Il s’imprègne du milieu aquatique lors de ses apnées « sidérales » sous la banquise, le long des icebergs pour innover.

Des algues sous la banquise…

Bien arrivés à destination, voici le premier récit de Laurent Marie :

« Malgré les liaisons aléatoires nous arrivons enfin à Qik. Markosie 77 ans, nous accueille en riant dans sa cabane bleue, face à la banquise. Grâce à l’aide d’Eric et de sa famille, nous nous mettons en place très rapidement. Il nous donne toutes les informations pour survivre dans un environnement extrême (-30°c) en cette saison.

En traversant la baie en direction du bateau d’Eric « Vagabond », nous croisons des villageois qui récoltent des algues aux vertus culinaire à l’aide d’une technique rudimentaire. (Ils plongent un long bâton de 4 à 5m dans l’eau. A son extrémité, des clous pour arracher les algues du fond, qu’ils trient ensuite sur la glace.

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Le rendez-vous est pris pour le lendemain. Ensemble nous ramasserons des algues. Ainsi dès 10h, toute l’équipe est à pied d’œuvre pour percer la glace de 80 cm d’épaisseur, monter la tente et s’équiper. Nous y sommes. Assis sur la glace, nous assistons à un grand spectacle, l’horizon à perte de vue, une banquise infinie, parsemée d’icebergs. Un monde blanc.

Une porte éphémère c’est ouverte, nous donnant accès à l’univers qui se cache sous la banquise. »

 

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