La traversée Groenland – Canada

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l’équipe de l’Âme Bleue au Nunavut

« La balançoire infernale » ou comment traverser du Groenland au Canada :

Nous sommes dans la baie d’Anartalik à 4 km d’Aasiaat où l’équipe plonge pour prélever de la coralline, une algue qui doit être étudiée à des fins scientifiques. Joël est sur une petite île à jouer les robinsons, au milieu des tapis de fleurs, de baies et de myrtilles. Il est sur un promontoire à observer les rorquals et les baleines à bosses qui font des allers et retours pour se nourrir. Des coquilles d’oursins jonchent le sommet du promontoire, abandonnées par les oiseaux qui en ont fait un bon repas. D’ailleurs le fond près des abords de l’île en est rempli. La récolte de coralline faite, il est temps de prévoir la suite des événements.
La météo ne s’avère pas clémente. Question : devons-nous partir du Groenland pour le Nunavut au Canada? Il est question, à la vue des prévisions météo, de retarder le départ de 36 heures. Mais après plusieurs échanges, l’option du départ est prise. Il est 17 heures lorsque nous relevons l’ancre. Les tours de quarts sont organisés, Jérôme & Joël, de 17 à 21 heures, Kevin & Eric de 21 à 1 heure du matin, Patrick & Laurent d’1 à 5 heures et le cycle reprend.
Quelques heures plus tard, nous quittons la terre des yeux, et nous voici en pleine mer. La dépression prévue arrive sur nous et là, c’est la grande balançoire. Vers 5 heures du matin, alors que je suis de quart avec Jérôme, la houle est bien formée et c’est le moment que choisissent les moteurs pour caler. Nous devons faire route sous voile, le bateau roule bord sur bord, le capitaine Eric montre la voie en vomissant, puis ce sera Jérôme…J’essaie de tenir le coup mais au moment de rejoindre ma couchette, patatras c’est à mon tour.
Laurent tient le choc. Eric descend dans la cale au milieu des odeurs de gasoil, ballotté par le roulis, le capitaine « courage » remet en route les moteurs. Ouf toute la journée à être ballotés, le temps semble long.

Le lendemain vers 4h du matin, nous naviguons à travers la banquise, de nombreux morceaux de glace dérivants, le tout dans une brume épaisse qui oblige le bateau à slalomer pour éviter toute cette glace. Vers 9h du matin, un rayon de soleil apparait, mettant en valeur ce paysage. Des oiseaux de mer viennent tourner autour de nous, des phoques quittent leur glaçon à notre approche, des mergules (petit oiseau vivant en Arctique) par petits groupes de 3 à 5 plongent près de nous pendant que Patrick pilote dans la brume qui est revenue. Laurent en profite pour faire des prélèvements de plancton avec Eric. Il nous reste quelques heures de navigation avant d’atteindre le Nunavut. La glace resserre son étau, le chemin devient plus difficile. Les apnéistes profitent d’un passage propice pour se mettre à l’eau et pouvoir tourner quelques images. Je vais les rejoindre pour prendre des photos. Kevin se fait la main à la barre et devient un expert du slalom dans les glaces.
A bientôt,
Joël

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Le calme après la tempête :

Cet après-midi, au milieu de la banquise disloquée, nous stoppons notre navire… Un peu de calme après la tempête…
La banquise absorbe la houle et le vent est très faible (2 nœuds). Nous sommes entourés par des morceaux de glace de formes et de couleurs différentes. De la surface, nous observons par transparence le prolongement caché de leur architecture bleue turquoise. L’envie d’aller caresser ces courbes gelées est irrésistible. Sous nos palmes, une fosse de 1000m qui remonte à 200m en une distance très courte, une eau à -1,4°C.
Une température et une profondeur abyssale envoûtante.
Si seulement, nous pouvions explorer ce tombant sous-marin… Nous nous contentons de nous promener au milieu des cténophores (organismes marins carnivores transparents de type planctonique) et des mergules qui s’alimentent du plancton environnant. Quelques minutes auparavant, nous avons d’ailleurs procédé au deuxième prélèvement de plancton pour la station biologique de Roscoff. Les scientifiques nous délivreront un jour les secrets contenus dans cet ADN.
Sous la mer, la glace est tranchante et nous explorons les cavités secrètes en homme libre (sans filin qui nous rattache à la surface)…
Laurent

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