Sensibilisation et éducation à l’école maternelle Bujeaud à Brest
Jeudi dernier, je me suis rendu à l’école maternelle Bujeaud à Brest. J’y ai rencontré un petit groupe de gentils manchots !
Brigitte l’institutrice a réalisé un gros travail à partir de notre livre. Elle m’a permis de partager un moment privilégié avec les enfants après ma présentation.
Le rendez-vous est pris pour l’année prochaine: Après l’Antarctique, le Grand Nord.
Le floe edge
Cette année le floe edge est difficile d’accès, il nous faut plusieurs heures pour y parvenir (entre 3-4 heures)…Certains moments dans la barque d’aluminium et d’autres dans la luge. Nous passons sur des flaques d’eau profondes, des longues plaines de glace lisses et parfois de la banquise chaotique (les chocs sont violents). Comme si lors d’une tempête la mer venait de se figer pour l’éternité. Ces passages difficiles martyrisent notre colonne vertébrale et nos cervicales. Notre première arrivée au floe edge contraste avec notre fatiguant voyage.
C’est une récompense. Nous découvrons un site dégagé illuminé d’une douce lumière, c’est si apaisant. Il est peuplé d’oiseaux qui profitent de ce printemps pour se nourrir en paix. Bernarches, Eider à tête grise, Fulmars boréals, oie des neiges, goéland arctic.
Toute l’équipe se met à pied d’oeuvre pour capter cette beauté.
Un souffle puis deux. L’absence de vent laisse percevoir les sons qui viennent de loin. Mais où sont ces baleines dans ce dédale de glace ? Nous apercevons pour la première fois le souffle et le dos d’un bélouga. Sa nage se distingue lors de son passage en surface nous observons ses courbes qui signent comme une virgule à la surface de l’eau. C’est beau. J’en profite pour enfiler ma combinaison. Je plonge la tête dans l’eau et j’entends leur cliquetis puissants. Un peu plus tard, j’amorce mon canard à côté de 3 bélougas dont un jeune beaucoup plus foncé que les adultes. Sous l’eau le premier vient à ma rencontre se tourne pour me montrer son ventre tout en inclinant sa tête. Cette rencontre est comme un salut. Ils sondent et s’échappent dans les abysses.
Quelques secondes plus loin, je vois 2 autres silhouettes plus foncées tachetées de blanc et voilà deux Narvals qui viennent m’observer, Leur glisse est d’une extrême douceur. Leurs têtes bougent et cette particularité leur confère un côté attachant. En une petite immersion et dès la première c’est un doublé. Une chance incroyable…
Le voyage
Nous partons avec toute la famille Inuit au total nous sommes 13 personnes. Nous avons 4 skidoo et 4 luges dont l’une de plus de 8 mètres de long avec tout notre matériel.
Nous ne savons pas vraiment où nous allons. Les Inuit sont incapables de déterminer la durée du voyage et c’est compliqué d’avoir tous les détails sur notre itinéraire. C’est certainement le premier choc culturel. Notre montre et notre emploi du temps nous rassurent et comblent probablement nos angoisses. Les Inuit se posent beaucoup moins de questions et n’ont pas de montre, ils ont le temps. Ici le soleil ne se couche jamais. Seul son inclinaison permet de savoir si nous sommes le jour ou la nuit…
J’aime cette part d’inconnu où l’on remet notre destin au hasard. Nous devons accepter le rythme lent du dégel de la banquise.
Nous montons dans une barque en aluminium hissée sur une grande luge et nous glissons vers nos rêves. Sur notre droite, le soleil de minuit illumine les différentes strates des montagnes : du rouge, de l’oranger et du jaune avec une multitude de nuances.
Nous en profitons pour faire une pause, boire un thé chaud et manger quelques biscuits. Quand notre guide aperçoit un ours et ses 2 petits. Il part à leur rencontre. Christophe sort son téléobjectif et tente de faire quelques images. J’en profite pour lancer mon drone et immortaliser ces petits oursons. Plus loin, leur mère se baigne dans une faille de la banquise pour se rafraîchir. Les Inuit du village n’avaient pas menti : nous sommes sur le territoire de l’ours.
Après plusieurs heures de voyage hors du temps du jour et de la nuit, nous arrivons sur la terre ferme pour poser notre camp. Mais l’accès est compliqué. De gros blocs de glace nous empêchent d’y accéder. Nous mettons plus de 2 heures pour franchir ces grandes failles. Ce long voyage de plus de 9 heures dans la nuit polaire nous aura épuisé. Nous montons les tentes et dormons car demain nous partirons sur le floe edge.
Les rêves des enfants Inuits
Dans la communauté d’Artic Bay, l’annonce de notre arrivée s’est répandue à la vitesse d’une flamme sur une trainée de poudre.
Aujourd’hui, nous allons à la rencontre des enfants. Ils sont l’avenir du peuple inuit. Joël, son appareil photo en bandoulière, réalise quelques portraits. Je l’accompagne et interroge les enfants sur leurs rêves d’avenir. Si certains ont du mal à se projeter, d’autres en revanche font les mêmes rêves que tous les enfants du monde. Bobby, 8 ans aimerait devenir footballeur ; Bobby 9 ans souhaite jouer au baseball ; Juda a 8 ans et il veut conduire des gros camions…
Il y a aussi Ethan, 10 ans, un garçon qui arbore une jolie casquette jaune. Il est très complice avec nous. Il veut devenir chasseur d’ours comme son copain Martin, 11 ans. Son rêve c’est aussi de plonger sous la glace. Il ne perd pas le Nord celui-là !
Les jeunes filles sont plus réservées. Elles s’approchent doucement. Chloé a 10 ans et elle veut quitter Arctic Bay pour aller vivre avec sa grand-mère à Iqaluit. Elle veut apprendre la couture. Pauline ne souhaite rien faire. Elle ne sait pas mais souhaite rester vivre à Arctic Bay.
Les enfants sont impatients. Ils veulent savoir quand ils pourront plonger.
Laurent les accompagne sur le port. Il enfourche un vélo et s’aventure sur la glace avec eux. C’est un va et viens incessant. La banquise est un véritable terrain de jeu. La lumière est belle. Elle sculpte des zones d’ombres sur la calotte glaciaire. Nous filmons la scène. Les enfants jouent avec faire des grimaces à la caméra.
Compétition de pêche
Aujourd’hui au village, il y a une compétition de pêche.
Dans l’après-midi, nous voyons des Inuits sortir de leur maison pour se rendre sur la banquise. A l’aide de tarrières, ils creusent des trous dans la glace. Par endroits, son épaisseur fait plus de 2 mètres.
A 6pm, un coup de feu retentit. C’est le début de la compétition. Toute la communauté et toutes les générations sont mobilisées. C’est l’effervescence sur la banquise. Notre grand-mère de 98 ans est là. Nous apercevons aussi des jeunes enfants portés sur le dos des femmes.
A la manière de Nanouk dans le film de Flaherty, les Inuits pêchent à l’aide d’un fil de nylon enroulé autour d’une cuillère en bois ou d’un simple bâton. Ils descendent des cuillères au fond de l’eau pour attirer aux hameçons des « canaillous », sorte de poisson chat.
C’est une bonne occasion pour faire connaissance et pour discuter.
J’échange avec Debora qui ne vit pas ici. Elle me raconte des histoires fascinantes de narvals et de bélugas.
Plus tard, Emilie avec ses quatre enfants m’apprend à pêcher. Je me prends les doigts dans les hameçons. Nous rigolons…
En quelques jours, nous commençons à créer des liens. Le froid printanier nous berce dans un rythme lent.
Des rencontres qui marquent
Les journées sont sans fin. La nuit ne tombe jamais. Joanna nous emmène voir une vieille dame. C’est sa grand-mère. Elle aurait 98 ans et vit toujours dans le type d’habitat traditionnel inuit. C’est une pièce en forme de rectangle dont les bords sont arrondis où l’on ne tient pas debout. La vieille dame est assise en tailleur sur une banquette dans le fond. Le plafond est plus bas à cet endroit et remonte doucement vers l’entrée où se trouve un trou dans le toit. Les fumées sont ainsi évacuées car toute l’habitation est chauffée par une lampe à huile de phoque. Une herbe spéciale est posée sur le rebord d’une coupelle en demi-lune et trempe dans l’huile. L’huile remonte par capillarité jusqu’aux petites flammes qui brûlent sur le rebord. C’est le seul moyen de chauffage et il est vraiment très efficace. La vielle dame, au regard malicieux, explique « qu’en hiver, elle en allume deux » parce qu’il fait plus froid. Cette lampe est le point central de l’habitation. Tout l’espace s’organise autour de ce foyer.
La vieille dame parle exclusivement Inuktitut. Joanna traduit ses histoires ce qui nous permet de comprendre l’importance des animaux pour sa survie.
Rencontre avec l’artiste Andrew Qappik
Nous sommes devant le centre des arts de la ville de Pangniturg. Elena la responsable du centre nous attend. Elle supervise le tournage et nous présente Andrew Qappik. C’est un homme d’une cinquantaine d’années à la carrure imposante, mais aussi un grand artiste. Il nous accueille avec un grand sourire et semble fier de nous présenter son travail.
Le tournage commence. Andrew Qappik va dessiner un narval.
En inuktitut, il y a trois façons de nommer l’animal selon la couleur de sa peau, les torsades de sa dent… précise l’artiste en réalisant ses premières esquisses. Son geste est précis, son trait dévoile progressivement une nageoire puis les torsades de la dent de l’animal. Le narval est une sorte de licorne des mers. Un animal légendaire du Grand Nord.
Andrew marque une pause dans son dessin. Il attrape un livre sur son bureau de travail. Il tourne quelques pages et montre les armoiries du Nunavut. C’est lui qui a été désigné pour les dessiner. On y reconnaît un narval.
Andrew connaît les contes par les récits de son père. Il raconte le conte de l’origine du narval et l’importance de l’animal dans la culture inuit.
Il reprend son dessin. Sous nos yeux, trois narvals apparaissent sur le papier. Selon lui, le bleu et le vert sont les couleurs de l’Arctique. Elles contribuent à donner du relief à son art. Andrew pose sa signature sur le dessin. C’est un moment magique.
Nous avons pu voir un dessin se réaliser sous nos yeux et découvrir l’intimité d’un artiste au travail.
Avec Andrew, nous pénétrons dans l’imaginaire de l’Arctique… Peut-être verrons-nous les narvals sur le floe edge.
Première immersion dans l’art inuit
La sculpture, la céramique, le dessin, la gravure, les arts textiles, demeurent le fondement du patrimoine artistique du Nunavut qui est mondialement reconnu pour ses artistes et ses communautés.
Pendant des siècles, les qualités de fonction et de beauté, de créativité et d’utilité, se sont mélangées dans les objets que les Inuits utilisaient au quotidien comme les harpons, les lances, les lampes et les traîneaux.
VENDREDI 10 MAI 2019, VENEZ ASSISTER À NOTRE NOUVELLE SOIRÉE GRAND PUBLIC GRATUITE « UN MONDE DE GLACE : RENCONTRE AVEC LES PEUPLES MARINS » AVEC LAURENT MARIE, UN EXPLORATEUR ET APNÉISTE PASSIONNÉ
RETENEZ VOTRE SOUFFLE DANS L’AUDITORIUM DE LA CITÉ DE LA MER…
A l’aide de projections de photos et vidéos, Laurent Marie vous parlera d’apnée, cette discipline qui l’a amené dans divers milieux extrêmes à travers le monde. Il reviendra sur ses rencontres avec les populations locales, ses plongées extraordinaires auprès des plus belles espèces marines.
Des projets plein la tête dont un qui se concrétisera dans 3 semaines. Laurent Marie vous parlera de sa future expédition dans le Grand Nord Canadien où l’attendent ses amis Inuits. Avec eux, il tentera de plonger au plus près des Narvals, un animal encore mystérieux aujourd’hui. De son documentaire « Les harmonies invisibles », dont les premières images seront dévoilées lors de l’événement nantais « La Mer XXL ».
Cette soirée entre dans le cadre du programme « Au nom de la Mer ». Jusqu’à la fin de l’année, des invités comme l’explorateur Jean-Louis Etienne, le conseiller scientifique du futur parcours L’Océan du Futur, Christian Buchet et bien d’autres encore viendront à votre rencontre afin de vous parler de leurs expériences avec le monde marin. De belles soirées en perspectives !
INFORMATIONS PRATIQUES :
Vendredi 10 mai 2019 à 20h dans l’Auditorium de La Cité de la Mer – Soirée gratuite
Inscription obligatoire par mail : soiree@citedelamer.com
Accès à l’auditorium dès 20h – Fermeture des portes à 20h20.